Scénario et regards croisés
À l’automne 2005, un étrange objet apparaissait dans le paysage cinématographique québécois. Avec La neuvaine, Bernard Émond présentait le premier film d’une trilogie sur les vertus théologales (la foi, l’espérance, la charité). Dans un Québec qui croit souvent être revenu de tout, et d’abord d’un passé catholique réduit à une tare honteuse, la rencontre de Jeanne, médecin athée meurtri par la vie, et de François, venu prier à Sainte-Anne-de-Beaupré pour sa grand-mère mourante, a pourtant marqué des dizaines de milliers de personnes, croyantes ou non. Trop rapidement assimilé par certains à un film « religieux », La neuvaine proposait en effet un regard beaucoup plus vaste sur le Québec contemporain, regard critique empreint d’une trajectoire historique qui nous définit en propre, mais également soucieux de penser l’avenir hors de sentiers trop souvent balisés par la fatalité. Si la transcendance habite le film de Bernard Émond, c’est donc dans un sens qui déborde, sans la condamner, sa dimension religieuse. De façon aussi puissante que subtile et sensible, le réalisateur nous invite ainsi, à sa manière, à penser le devenir social et politique du Québec contemporain. C’est pourquoi la publication du scénario de La neuvaine s’imposait. Il est accompagné d’une série d’études montrant la richesse de cette œuvre capitale de la cinématographie québécoise.