Je suis exténué. Je suis obsédé par ma fatigue. Elle me dirige habilement vers des souvenirs qui m'ont pris des années à désarticuler. L'insomnie qui est orchestrée par le corps solide me déshabille de ma respiration. Ce corps solide, cet être qui par moments m'est familier est inanimé et se durcit d'une nuit à l'autre... Quand la pénombre envahit mon quartier, il se dresse à mes côtés et c'est lui qui dessine les différentes teintes de noirceur qui résident dans ma chambre. Il me trimballe vers sa solitude afin de se distraire.
Dans le pli des couvertures, je demande à mes larmes de brûler la nuit et de faire pénétrer l'aube pour qu'elle libère mes muscles engourdis et brise le hurlement du silence des sentiers de mon anamnèse. Je suis épuisé. Je veux oublier, désapprendre ma naissance et son héritage.
Qui me réveille chaque nuit? Le corps solide le sait.