Une fête québécoise à redécouvrir
Préface de Gilles Vigneault
Au crépuscule, de curieux personnages costumés et masqués apparaissent dans les rues, comme par magie. Ils se montrent aux fenêtres des maisons et frappent aux portes pour qu'on les fasse entrer. À l'intérieur, ils font parfois du chahut, mais plus souvent des saynètes, en déguisant leur voix. Les gens de la maisonnée s'amusent à deviner qui se cache derrière les masques. Les chaudrons de la cuisine exhalent des odeurs sucrées qui flottent dans toutes les pièces. On danse sur une musique endiablée, on boit un p'tit verre pour se réchauffer le cœur. Tout le monde a l'esprit à la fête. Puis les mi-carêmeux saluent, quittant les spectateurs sans demander leur reste pour continuer la ronde des maisons jusqu'au milieu de la nuit.
Au Québec, trois communautés - L'Isle-aux-Grues, Natashquan et Fatima - célèbrent encore la mi-carême, une fête d'origine française ayant ses sources au Moyen Âge. Très en vogue chez nous au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, cette tradition s'est ensuite progressivement éteinte, pour ne subsister finalement qu'en ces rares endroits.